“Honte à vous, Canada !” : des centaines d’autruches seront finalement abattues

Environ 330 autruches d’une ferme du sud de la Colombie-Britannique, où avait été détectée la grippe aviaire l’hiver dernier, seront euthanasiées, après que la Cour suprême du Canada a refusé d’entendre les arguments des propriétaires, voulant sauver les oiseaux. Le dénouement de cette saga, qui divise le pays depuis un an, a provoqué la colère et la stupéfaction chez les défenseurs de ces animaux.
L’annonce a suscité “colère, choc et indignation à travers le pays”, écrit le journal de la province canadienne de Colombie-Britannique Nelson Star. La Cour suprême avait, le 24 septembre, suspendu la décision d’abattre environ 330 autruches de l’élevage Universal Ostrich, à Edgewood, survivantes d’une épidémie de grippe aviaire qui avait provoqué la mort de 69 animaux. Mais l’institution a finalement décidé, le 6 novembre, de ne pas donner raison à l’appel final interjeté par les propriétaires de la ferme, qui s’opposait à une série de décisions de tribunaux inférieurs sur le sort de leurs autruches. Celles-ci “sont en bonne santé et ont atteint une immunité collective”, estiment-ils, cités par Radio-Canada.
La Cour suprême a confirmé, écrit le National Post, “que l’Agence canadienne d’inspection des aliments (Acia) avait déterminé, de manière équitable, que le troupeau d’oiseaux exotiques devait être abattu”. L’annonce, saluée par le ministre de la Justice canadien, Sean Fraser, met fin à une saga entamée en décembre 2024.
Dans la journée, des équipes de l’Acia portant des combinaisons de protection ont tenté “de rassembler les autruches de la ferme d’Edgewood”, poursuit le site de Radio-Canada, “sous le regard tendu des militants opposés à l’abattage”.
Des coups de fusil ont même été entendus, alors que ces militants “criaient et priaient pour les oiseaux”, rapporte la chaîne Global News. “Honte à vous, Canada !” a lancé sur Facebook Katie Pasitney, la fille des propriétaires, éplorée.
Interrogé par la chaîne CBC, le professeur de médecine vétérinaire de l’université de Montréal Jean-Pierre Vaillancourt a estimé que, dans la mesure où elles vivent en extérieur, les autruches courent le risque de contracter le virus H5N1 : “Légalement, nous devons agir rapidement.”
Le bioéthicien et environnementaliste Kerry Bowman a, de son côté, déclaré à CTV News que cette saga constituait une “leçon magistrale” sur la mauvaise manière de traiter ce genre de conflits : “Je pense que les dégâts politiques et sociaux sont bien plus importants que ce que nous estimons”, a-t-il déclaré au sujet de la gestion par les autorités sanitaires et judiciaires de l’affaire des autruches d’Edgewood.
Radio-Canada signale enfin qu’un milliardaire américain, John Catsimatidis, qui affirme avoir soutenu financièrement la cause de l’élevage, défend lui aussi la possibilité que les autruches aient développé des anticorps pour combattre le virus. Il s’est dit prêt à informer le ministère de la Justice américain de cette affaire.
Courrier International




